Dodo la veille : Au son des pétards
Bonjour.
Avant de parler de mon expérience, je m’empresse de répondre au billet de Geneviève-Anaïs (qui a TOUT LE TEMPS tout) pour spécifier que dans ce cas précis, il a été publiquement reconnu par Paula, la coordonnatrice de l’école de Bio-Itza, que Geneviève-Anaïs était pour bénéficier des meilleurs privilèges parce que c’est une fille et qu’ils aiment chouchouter les filles. Elle avait la meilleure famille aux yeux de tous avant que la mienne accepte d’améliorer ma situation ; du coup, c’est devenu la famille de Geneviève-Anaïs. Geneviève-Anaïs a changé de famille une autre fois pour se retrouver dans une famille idéale (à première vue) pour cette expérience unique de deux semaines. Pour finir, elle n’est pas ‘tombée’ sur le meilleur prof : il lui a été assigné par Paula.
Bon, moi maintenant : comment a été ma semaine et à quoi ressemble mon expérience ?
J’ai été placé dans la maison de Señora Elsa qui vit avec ses deux fils, l’un qui est en congé d’école et l’autre qui travaille en ville. J’interagis seulement avec la mère et le plus jeune fils, Jimmy, 14 ans, alors que Wilson part et revient aux heures que je dors. La maison complètement en haut de la côte est propre et simplette, j’ai ma propre chambre et la cuisine se fait sur le feu dehors. Je suis bourré à tous les repas, principalement de tortillas qui semblent venir en quantité illimitée. Je suis traité comme l’invité spécial (ou celui qui paye pour être là…), ce qui me rend parfois inconfortable : je mange souvent avant les autres, ma place est au bout de la table sur la bonne chaise en bois et on ne me sert jamais de restants. Avec seulement deux personnes autour, il y a peu d’interaction dans la maison, ce qui me donne le temps de converser à mon rythme et de peut-être plus facilement m’insérer lors des tâches ménagères. Jimmy, un peu défi sur les bords, aime jouer, alors, tous les jours, on alterne entre les cartes, les billes, le Frisbee, etc. et on se montre des nouveaux jeux mutuellement, tout comme il m’aide avec mes devoirs. Il me frustre un peu, des fois, lorsqu'il ne répond pas à mes questions ou qu'il refuse de me faire un 'high five', mais chaque jour devient plus chaleureux.
À l’école, c’est Olga, ma prof, qui a à travailler avec mes idées éparpillées parce que je veux tout apprendre à la fois. C’est un retour sur les bancs d’école pour moi et ça travaille ma concentration. Je fais beaucoup de progrès à mes yeux malgré qu’il soit irréaliste d’avoir l’ambition d’être aussi naturel que Geneviève-Anaïs. J’aime apprendre, surtout quand je comprends : c’est comme des mathématiques la plupart du temps, alors je trippe. Ma pensée de la semaine pour l’espagnol, c’est que « plus que j’en apprends, plus que je vois que j’en ai à apprendre ».
En résumé, c’est ça, mais voilà que la nouvelle de la fin de semaine (et que je dois justifier avec les gens concernés), c’est que j’ai fait un pari : j’ai demandé à Paula de changer de famille et de professeur après qu’elle ait ouvert la porte au début de la semaine.
C’est un pari car je ne sais pas ce qui résultera du changement. J’ai plusieurs raisons, certaines plus officielles que d’autres, qui se regroupent en deux catégories. Je le fais d’abord pour le bien de mon expérience en en connaissant plus. En effet, je le vois comme une opportunité d’en voir d’avantage en m’intégrant au sein d’une deuxième famille et d’interagir avec des nouvelles personnes sur des nouveaux sujets. Même chose pour le prof, je veux voir des nouvelles techniques, apprendre des nouveaux mots, tenir des nouvelles conversations, etc. L’autre grande raison, sociale et économique, est restée silencieuse pour l’organisation : en suivant mes cours ici spécifiquement, j’apporte à la communauté de San Jose et je considère que je préfère distribuer mon argent en contribuant au revenu de deux familles pendant une semaine plutôt qu’une seule pendant deux semaines. Même chose encore pour le prof : j’offre un emploi à deux personnes et diminue ainsi la disparité.
Je crois que j’aime le changement (même si Geneviève-Anaïs me répète que j’ai peur du changement) alors que certains diront que j’ai peur de l’attachement… un classique. Chose certaine, je crois au changement : je pense sincèrement qu’un individu devient meilleur sous plusieurs aspects en se trouvant, intentionnellement ou pas, dans des nouvelles situations où il doit réagir face à l’inconnu. Sans oublier les tonnes d’apprentissage qui ressortent du fait d’avoir fait une visite en dehors de sa zone de confort et au milieu de nouveaux contextes. J’ai mis ça simple en espagnol en disant que j’aimais les nouvelles expériences, que je voyageais beaucoup, que ma ligne du temps se découpait en expérience l’une à la suite de l’autre, et que Geneviève-Anaïs ne changeait pas parce qu’elle pratiquait généralement une différente philosophie.
Ça peut être vu comme faire le choix entre plus de surface ou plus de profondeur par rapport à notre intégration dans la famille et la compréhension du mode de vie, mais il faut aussi dire que j’ai seulement deux membres peu communicateurs dans ma première famille, alors que Geneviève-Anaïs interagie avec une dizaine de personne dans sa baraque. Bien sûr que Jimmy devient de plus en plus expressifs comme je suis de plus en plus à l’aise pour aider Señora Elsa autant qu’elle accepte mieux ma présence autour d’elle lorsqu’elle travaille, et que plus de temps dans la famille signifie avoir l’opportunité de mieux comprendre son fonctionnement grâce à des événements qui se produisent plus rarement. J’ai la boule quand j’y pense, mais… qui sait ce que je pourrais manquer ailleurs ?
Malgré tout ce qui est dit plus haut, il est certain que si j’avais trouvé l’une ou l’autre des situations presque parfaite, je n’aurais pas demandé à l’échanger, mais il n’en demeure pas moins que je stresse un peu en voyant l’incompréhension des gens après l’annonce de ma décision. C’est toujours comme ça quand on prend le contrôle de son destin : peut-être sera-ce moi le grand perdant... mais je ne vois pas comment car, le pire qui puisse arriver, c’est que je perde de mon confort pendant une semaine parce que pour le reste, ça ne deviendra qu’une expérience de plus et, au pire, j’aurai à travailler pour en faire ressortir le positif.
Tk, on verra.
saloute
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PS. Tant qu'à acheter des bébelles qui 'servent à rien, vaut mieux les acheter localement.
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