dimanche 11 décembre 2011

Tout est bien qui finit bien

Dodo la veille : St. Charles Inn Hotel, Punta Gorda, Bélize
(http://www.travelbelize.org/index.php?option=com_accommodations&Itemid=315&task=indiv&id=216)

Bon matin !

Une journée, c’est habituellement moins de 24h, mais tu peux passer au travers de tellement d’émotions que t’as l’impression d'avoir vécu des semaines. Pis si l’attente s’insère dans l’équation, ben là t’es parti pour trouver le temps long… aussi long que ce blogue, c’est concept.

On se lève avec, comme premier objectif, de rejoindre notre voiture sans nom laissée à la station d’essence d’un autre village. On ne manque pas l’autobus, et le chauffeur n’essaie pas de nous arnaquer, ça commence bien. Le stress monte à mesure qu’on approche l’intersection de la ‘dump’ en ne sachant pas trop dans quel état on retrouvera la voiture sans nom. Au pire, on aura des pneus à faire réparer et peut-être à vivre avec une fenêtre brisée pour le reste du voyage, mais la voiture sans nom sera certainement là et on n’y a laissé aucun objet de valeur.

Après une plus longue marche que prévue à partir de l’arrêt d’autobus où nous sommes débarqués (au lieu de demander au chauffeur de nous débarquer un mile plus loin), la voiture sans nom nous accueille, intacte. « On est là pour s’occuper d’toi, ça va bien aller. Tu n’es plus seule, voiture sans nom. » Ça commence mal, par contre, quand la courroie commandée et devant être livrée par avion la veille n’est pas arrivée. Combien de temps devrons-nous attendre ? En l’attendant, je me salie les mains en jouant au gars qui sait ce qu’il fait pour me préparer à peut-être exécuter la réparation moi-même et je remarque que la poulie de l’alternateur ne tourne pas à main nue. Est-ce un problème ? Je me dirais que oui, et ça expliquerait pourquoi notre courroie vieille de seulement deux mois aurait ‘squeeké’ pour finalement briser, mais je ne peux être certain avec mon peu de connaissances en mécanique automobile.

J’en parle aux différents visiteurs (puisqu’une voiture avec le capot ouvert attire toujours l’attention), et il semblerait bien que oui, cette poulie est supposée tourner librement, alors on me parle de changer le ‘berring’. Ah oui ? Je ne me souviens pas d’avoir entendu parler dans ma vie (ou du temps où je travaillais au garage) de changer un morceau de l’alternateur… m’semble qu’on change la pièce au complet chez nous, mais bon. On est au Bélize et je vois bien qu’on gosse pour tout faire durer plus longtemps. Le WD-40 ne change rien à la situation et le réparateur de pneus n’a évidemment pas d’outil puisqu’il répare seulement les pneus.

Ok, notre plan original est déjà scrappé depuis la veille car on voulait découvrir Punta Gorda tôt le samedi (qui est la seule journée intéressante selon ce qu’on nous a dit) et ensuite conduire vers le nord, arrêter voir Placencia et sa plage et dormir à Sittee River. Faire installer la nouvelle courroie retardait ce plan, mais ne le compromettait pas en entier. Sauf que là, avec un alternateur défectueux, dépendant où on pourra trouver les pièces au Bélize (ou en Amérique Centrale !) pour une Hyundai Accent 2004, combien de jours faudra-t-il attendre ?

La courroie arrive moins d’une heure plus tard, mais le problème est maintenant plus profond… il nous faut un mécanicien. Le premier appelé n’est pas disponible aujourd’hui, mais il passera quand même plus tard pour dire qu’il ne peut rien faire avant lundi. On nous dit que le mécanicien chinois au prochain village pourrait peut-être nous aider. Geneviève-Anaïs fait du pouce quelques minutes avant de se faire ramasser par l’autobus. Elle revient avec l’assistant du mécanicien car celui-ci est parti dans la grande ville. L’assistant peut peut-être exécuter des tâches faciles comme installer une courroie, mais démonter un alternateur va bien au-delà de ses capacités. Moyennant une bonne somme d’argent, il nous ‘offre’ de nous tirer jusqu’au plus grand garage de la région. « S’ils ne peuvent vous aider là-bas, personne d’autre ne pourra vous aider. »

On arrive au garage juste avant la pause du dîner. Le mécanicien n’est pas très confiant de pouvoir nous aider, mais devant sa nonchalance apparente, je lui suggère une procédure à suivre : enlever l’alternateur, identifier si c’est le ‘berring’ le problème, si oui vérifier s’il a un ‘berring’ correspondant en stock, sinon vérifier s’il peut le commander, sinon on verra à ce moment là. C’est bien compris, mais il doit aller manger.

À son retour, il se met à la tâche. C’est long sortir un alternateur et, de loin, on entend le mécanicien sacrer contre le sel qui corrode tout. Quand l’alternateur est enfin sorti, je m’approche pendant qu’ils se mettent à deux pour l’ouvrir. Ça prend beaucoup de WD-40. Tout se passe en créole, alors je ne comprends rien de ce qui se dit. La pièce séparée en deux, je crois comprendre (et voir) que tout tourne ‘normalement’, mais le mécanicien est appelé à une autre tâche. Je profite de l’occasion pour informer Geneviève-Anaïs de mes observations et, ensemble, on se fait des scénarios.

Le mécanicien continue son investigation en nettoyant la pièce ici et là et en utilisant beaucoup de WD-40. Je le regarde faire malgré que je ne pense pas que ce soit ce qu’il apprécie le plus. Il me communique officiellement que le ‘berring’ n’est pas le problème (après que je lui aie demandé) et remet les morceaux ensemble pour savoir si ça tourne toujours ‘normalement’. Il doit quitter.

Lorsqu’il revient de je ne sais où, il gosse une nouvelle section de l’alternateur. Tout semble être ok, alors il va le réinstaller pour voir si ça fonctionne. Il doit encore partir, mais je pense qu’il vient de déléguer la tâche de remettre l’alternateur en place à l’autre mécanicien. Ce dernier ne semble pas être si heureux de la situation et se cherche un peu sous le capot de la voiture sans nom. Geneviève-Anaïs est mise au courant comme d’habitude : il semblerait qu’on puisse quitter avec la voiture sans nom aujourd’hui si tout fonctionne comme ça devrait lorsque remis en place, c’est-à-dire que la poulie tourne bien évidemment, mais aussi que la batterie se recharge suite au travail de l’alternateur.

Notre homme mécanicien revient et des bribes d’expression verbales et corporelles me laissent comprendre « Ok, tasse-toi, j’vais l’faire. ». C’est plus facile de rassembler des pièces quand c’est toi qui les as démontées. Quelques minutes plus tard, le monsieur me demande de démarrer la voiture. Il confirme que la poulie tourne et j’éteins. Il veut aussi voir de ses propres yeux que la lumière de la batterie sur le tableau de bord s’éteint. Et pour ça, il doit aussi voir qu’elle s’allume. On finit par se comprendre.

Yay, tout est correct, mais, comme on a appris par le passé, je vais quand même faire des cercles dans le stationnement pour faire certain que la courroie est bien ajustée et qu’elle ne ‘squeek’ pas. Un ajustement mineur est requis. Youpi. La noirceur approche et il ne reste qu’une étape, passer à la caisse. Le stress ne de pas savoir combien ça va coûter et de se faire arnaquer n’est jamais plaisant.

Dans notre tête : « Quoi !? Ai-je bien entendu ? 30Bz$ pour plus de deux heures de travail ? Je vais te les payer avec plaisir sur ma carte de crédit, et Geneviève-Anaïs va même te donner un pourboire de 11,666%. » On paie, je serre la main du mécanicien en lui donnant son pourboire et bonsoir, on est parti !

Bonjour Punta Gorda. Il semblerait bien que l’action du samedi est déjà passée. On peut marcher, mais tout est rangé et il faut se trouver un endroit pour dormir. On sait déjà qu’il n’y a pas de camping ou d’auberge jeunesse à P.G., alors on pense peut-être à se payer un luxe confortable après cette journée de misère où chacun notre tour, on a été impatient et insécure.

Ce n’est pas long qu’on se convainc mutuellement que la meilleure option est de louer une chambre d’hôtel, l’autre option étant de dormir dans la voiture sans nom aux abords de la route au milieu de la jungle près de chez Mr. Jack. On ne magasine presque pas et on saute sur la première offre qui répond à nos critères : pas trop chère, eau chaude, internet.

Il faut maintenant manger. Un restaurant ? Ok si on trouve, mais on finit par s’acheter des gâteries à l’épicerie du coin qu’on mangera bien confortable dans notre chambre d’hôtel. Du chocolat bio local, pourquoi pas ? Une soirée productive et plaisante à l’hôtel, et ça ressemble vraiment à une journée où tout finit bien.

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Ce matin, après une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit (le premier pour lequel on paie depuis le début), on prend notre temps pour terminer avant de partir vers le nouveau plan qui a remplacé le plan original. Check-out à 11h et des miettes.

Le seul arrêt qu’on ne veut pas manqué à Punta Gorda, c’est la chocolaterie locale qui donne des visites gratuites, mais une fois sur les lieux, malheur : c’est fermé le dimanche (comme tout le reste d’ailleurs). Sachant que ça ouvre demain à 8h, je verbalise, suite à un petit sentiment ou désir, la possibilité de rester à P.G. une journée (et une nuit à l’hôtel) de plus. Ce n’est pas trop cher, on est bien et on peut continuer de produire. Check-in à midi dans la chambre restée intacte suite à notre absence.

Ce n’est pas peu dire, la journée d’hier nous a vraiment épuisé. Aujourd’hui, on se tape une journée sans stress !

saloute
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PS. « The future of mankind is in the hands of the creatively maladapted. » (-Anonyme)

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