C'est
hier qu'on devait traverser au Mexique, mais un petit pépin avec la voiture
nous a fait repousser le grand départ d'une journée. On s'attendait à une
grosse journée et comme de fait, ça en a été une.
Ça
a commencé vers 5h45, alors que je n'arrivais plus à garder les yeux fermés
après une nuit où ils ont été longtemps ouverts. Incapable de bouger,
j'attendais que l'alarme, planifiée à 6h00 (à l'heure pile parce que ce n'était
pas moi qui l'avait mise), réveille mon co-voyageur. Moins de 5 minutes plus
tard, donc 10 minutes avant l'heure fatale, Sébastien ouvrait les yeux et était
debout en moins de 2. La frontière se situant entre 1h30 et 3h00 de route d'où
nous étions, nous avions planifier partir à 7h00.
Tels
des gens à leur affaire, nous étions dans la voiture à 6h55, prêts pour une
longue journée de transport. Jusque là, à part le manque de sommeil, mon rhume
ne m'achalait pas trop et j'avais l'impression que ma journée ne serait pas
trop pénible. Erreur !!! Avez-vous déjà essayé de passer de 2330 mètres
d'altitude jusqu'au niveau de la mer en étant congestionnés ? C'est que quand
t'as les sinus bloqués, ça l'air que l'air se rend moins bien dans les oreilles
et que tu ne peux donc pas égaliser la pression changeante. Outch !!! À un
certain moment, même si le Guatémala nous offrait peut-être un de ces plus
beaux paysages (et ce n'est pas peu dire, car il y en a des beaux !), j'ai dû
demander à mon co-voyageur de s'arrêter d'urgence en croyant que mes oreilles
allaient exploser. La pause n'ayant rien changée après 4-5 minutes, nous
repartions en me disant qu'au pire, ça ferait encore mal, mais que sûrement
rien de plus grave ne pouvait arriver. Comme de fait, à part ne rien entendre à
l'extérieur de ma bulle, avoir l'impression de porter les bouchons que je mets
pour dormir et entendre ma voix grave en écho quand je parle, rien n'est
arrivé, sauf peut-être quelques douleurs aigues mais brèves qui me suivent
encore jusqu'à ce soir.
Le
vrai problème c'est que quand quelque chose te dérange constament, tout le
reste devient plus difficile à supporter. Par exemple, lorsque tu ne trouves
pas le bureau où faire le permis d'importation temporaire de ton véhicule parce
que celui-ci se trouve à 20 minutes de la frontière et n'est nullement indiqué,
ça te stress plus qu'à l'habitude. Et quand, en arrivant au-dit bureau le
monsieur se rend compte que ton certificat d'immatriculation est expiré depuis
la fin février et ne veut pas te laisser passer, tu le prends un peu plus mal
que normalement. Et quand tu dois conduire (ou te faire conduire) quelques
minutes dans une nouvelle ville et ce, sans permis pour la voiture, tu as peur
de te faire arrêter. Et quand, une fois rendu au café-Internet que tu cherchais
pour faire imprimer la copie scannée de ton nouveau certificat
d'immatriculation que ta mère a si gentiment payé pour toi, ta clé USB ne
fonctionne pas pour, bin tu as envie de pleurer plus rapidement qu'à
l'habitude. Mais bon, comme tout finit toujours par s'arranger et que nous
sommes présentement au Mexique avec tout (ou presque) nos papiers légaux, ce
n'est pas si mal. J'ai dit presque, parce qu'après l'épisode du permis, nous
avons été se falsifier des faux papiers d'assurance afin d'être en règle (ou
d'avoir l'air en règle) devant les policiers potentiels. Là, malgré que je
n'entendais toujours rien, j'ai eu du fun à voir comment c'était facile de
changer les dates sur des papiers envoyés en format PDF.
Après
avoir fait tout nos vrais (et faux) papiers, il ne nous restait plus qu'à
conduire assez longtemps pour qu'on ait l'air d'avoir avancer, ce que Sébastien
a fait sans ronchonner, alors que je me plaignais encore de mes oreilles. Faut
croire qu'il a bien fait ça parce que nous avons maintenant passé la limite
psychologique des 5000 kilomètres. 5000 kilomètres, c'est ce qui nous sépare
encore du Québec. C'est énorme, mais ça nous parraît si près. 5000 km, ça se
fait facilement en 4 jours sur nos routes, mais avec le Mexique, on se donne
une marge de manoeuvre de deux semaines. Donc, dans deux semaines, je ne
dormirai pas dans une tente comme je le ferai ce soir. Je ne mangerai pas non
plus des mangues que j'ai ramassé par terre plus tôt dans la journée. Et, il y
a de bonnes chances que je ne me baignerai pas dans le Pacifique comme je l'ai
fait tantôt. Mais, dans deux semaines, je reverrai tous ces gens que j'aime que
je n'ai pas vue depuis 11 mois. Et j'irai sûrement manger du St-Hubert ou de la
poutine ou pourquoi pas les deux. Et dans deux semaines, si les circonstances
me le permettent, j'irai me promener dans les rues de ma belle Montréal en
frappant haut et fort sur ma casserole pour montrer à certains à quel point je
suis fiers d'eux et aussi pour afficher mon dégoût de certains autres.
Ah
oui, pis dans deux semaines, j'espère que je n'aurai plus les oreilles bouchées
parce que là, ça fait environ 12 heures et c'est gossant ! Mais bon, au
moins, je n'aurai pas besoin de mettre
mes bouchons pour dormir !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire